Elle a rencontré la terre chemin faisant. Et chacun de ses projets découle des hospitalités offertes depuis. Connue pour s’occuper des autres, Hélène Bertin déploie aujourd’hui une vaste monographie à son image, nous ouvrant les bras. L’exposition tresse les complicités avec jubilation, associant artisans, résidences d’artistes, entreprises et institutions, en coproduction avec Aware qui lui a décerné son prix éponyme en 2019. La céramique occupe une place privilégiée dans cette épopée archaïque en trois phases, résonnant avec les âges de la vie. « Le Jardin juvénile » éveille l’espièglerie dans de grands bacs peuplés de bestioles sympathiques. Une faïence rousse a été passée à la boudineuse ou travaillée avec le potier Jean-Jacques Dubernard, cuite à 980° puis laissée nue sur des plages de sables. Un nuage de cerfs-volants de papier coiffe l’ensemble. À l’étage dans « Le Jardin des paniers », une nuée de pots en grès engobé cuit au bois à 1300°, vient se lover sous un majestueux chapiteau fait de bouquets de céréales. Cette vaisselle rustique a été façonné en compagnie de Jacques Laroussinie. Et « Le Jardin des voix » se murmure dans une cavité rocheuse humide, évoquant les Fontaines Pétrifiantes sollicitées pour sa fabrication. Des phylactères d’argile s’y retrouvent médusés. Augmenté d’un espace d’accueil pérenne à l’entrée du centre d’art ainsi que d’une publication, l’événement se distingue par sa générosité superstitieuse, de cette gaîté que l’artiste prodigue autant qu’elle lui est procurée. Donnant, donnant.
Cahin-Caha, jusqu’au 30 avril 2021, Le Creux de l’enfer, 85, avenue Joseph Claussat, Thiers (63).Tél. : 04 73 80 26 56 http://www.creuxdelenfer.fr
→ Publié dans la Revue de la Céramique et du Verre #237 Mars – Avril 2021